Norme CAFE : un "Yuka de l'automobile" pour aider les constructeurs ? - ALTEN Group

Norme CAFE : un « Yuka de l’automobile » pour aider les constructeurs ?

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Les constructeurs automobiles sont pris en tenaille entre des réglementations environnementales de plus en plus strictes (en particulier normes CAFE ou Euro 7) et l’engouement des consommateurs pour les véhicules imposants au détriment de la sobriété. Afin d’inciter les automobilistes à choisir un véhicule plus propre, il faut les sensibiliser sur la consommation, l’empreinte carbone de leur voiture et connaître leurs habitudes de déplacement pour adapter l’offre commerciale.

Pour se conformer à la norme CAFE 2020 par exemple, qui impose une moyenne des émissions carbone inférieure à 95g/km selon le protocole NEDC, les constructeurs automobiles ont dû investir massivement. Les marques ont ainsi développé et mis en avant des véhicules qui émettent peu de CO 2 Il s’agit maintenant que les tendances d’achat évoluent positivement pour que ces efforts soient rentabilisés.

Le développement d’applications d’écoconduite est l’une des solutions. Celles-ci sont conçues pour aider le conducteur à atteindre une consommation optimale en l’incitant à anticiper le trafic, à accélérer et freiner doucement…


Lorsqu’elles sont “connectées”, elles combinent plusieurs sources de données et échangent avec un serveur distant pour générer les conseils les plus pertinents. Cela permet également au constructeur de connaître le besoin réel du client. Quand celui-ci est amené à renouveler son véhicule, la marque est capable de proposer un modèle optimisé pour son utilisation (ex : un véhicule hybride rechargeable pour un conducteur qui fait 45 km de trajet domicile-travail par jour et 300 km le week-end).

Comment l’application Yuka a-t’elle changé le comportement des consommateurs ?

En manipulant diverses sources de données (capteurs du véhicule ou du smartphone, bases de données cartographiques, etc.), les applications peuvent comparer les performances d’écoconduite de chacun et utiliser l’effet de communauté pour démocratiser les comportements écosensibles. Il est par exemple possible de créer des classements de conducteurs en fonction de leurs émissions.

Cette « gamification » renforcerait l’effet “éco-sensibilisant” mais permettrait surtout de mettre en avant les modèles de voiture les moins polluants dans les classements. En effet, la première étape de l’écoconduite consiste à choisir un véhicule qui consomme peu.

À la manière de  Yuka , ces applications peuvent influencer l’utilisateur lors de son prochain achat. Pour rappel, Yuka est une application mobile qui permet de scanner les produits alimentaires et cosmétiques en magasin. Cette lecture du code-barre fournit en quelques secondes un indicateur de couleur jugeant de l’impact du produit sur la santé. Les produits sains et bio sont ainsi valorisés.

En 2019 Yuka a réalisé une étude auprès de ses consommateurs. 74% des utilisateurs de l’application ont déclaré avoir changé d’habitudes de consommation. Le développement d’une application d’écoconduite pourrait ainsi avoir une influence similaire sur les consommateurs du secteur automobile.

De plus, les applications d’écoconduite connectées permettraient aux constructeurs automobiles d’identifier précisément la typologie de trajets de leurs clients, permettant de créer des stratégies de ventes plus pertinentes car personnalisées en fonction des attentes de chaque consommateur. Avec le consentement des utilisateurs, elles constitueraient des sources des données précises sur les habitudes et besoins de chaque conducteur.  Par exemple, le concessionnaire peut suggérer à un conducteur urbain d’opter pour un véhicule électrique au lieu d’un véhicule essence.

Tendances d’achat contre norme CAFE,
le dilemme des constructeurs.

Avec la norme CAFE et bientôt la norme Euro 7, le durcissement des réglementations écologiques européennes continue. Fixée à 95 grammes de CO2 par kilomètre en 2020 selon le protocole NEDC, il est prévu que la limite des émissions carbonées soit réduite chaque année. De plus, dès 2021, les émissions seront mesurées avec le protocole WLTP, qui fournit des résultats plus proches de la réalité, et donc plus strict en termes d’exigences. Ces changements ajoutent une pression supplémentaire sur les constructeurs.

LE SAVIEZ-VOUS ?

En 2020, 5 regroupements de constructeurs ont dépassé la limite définie par la norme CAFE. Ils ont reçu des amendes d’une valeur totale de 500M€ en raison des émissions carbonées excédentaires de leurs flottes.

PA Consulting

 

A l’opposé des régulations qui favorisent les véhicules « verts », la tendance d’achat continue d’évoluer vers les modèles les plus lourds et les plus polluants. En 30 ans, le poids des véhicules a augmenté de 25% en moyenne.

Outre l’augmentation de la masse moyenne, les achats de véhicules neufs des dernières années montrent que les motorisations essence sont de plus en plus attractives par rapport aux véhicules diesel. Une étude de l’ACEA a révélé qu’en 3 ans, la part des véhicules essence avait augmenté de 12,2% alors que le diesel a chuté de 18,7% . Parallèlement, ce rapport montre aussi que même si les motorisations électriques sont de plus en plus répandues (3% en 2016 contre 8,9% en 2019), elles restent anecdotiques dans ce marché et ne suffisent pas à compenser l’essor de l’essence.

 

Cette domination de l’essence est notamment liée au fait que ce type de motorisation coûte en moyenne moins cher à l’achat et à l’entretien. De plus, les grandes villes telles que Paris, Strasbourg ou Grenoble vont bannir les moteurs diesel ( sous certaines conditions) de leurs rues d’ici 2025 . Enfin, les polémiques qui ont eu lieu au cours de la dernière décennie autour des moteurs diesel ont accentué ce mouvement.

Cela constitue une problématique pour les constructeurs puisque les moteurs essence ont tendance à consommer davantage de carburant et donc à émettre plus de CO 2 que les moteurs diesel. Une étude de l’ IFP énergie a montré que ces motorisations affichent  » des émissions de CO2 supérieures de 11 % ». De ce fait, bien que les véhicules essence génèrent les plus grands malus pour les constructeurs via la norme CAFE, la demande des consommateurs à leur égard demeure toujours très forte. A défaut de pouvoir changer les régulations, les constructeurs sont pris en tenaille et sont contraints d’investir pour inciter les consommateurs à adopter des comportements éco-sensibles.

Quelles sont les applications déjà existantes ?

Les applications d’éco-conduite sont une des meilleures solutions disponibles pour aider les constructeurs.

 Des constructeurs automobiles tels que Renault ou Honda ont intégré par le passé des fonctionnalités de ce type sur leurs véhicules avec le Driving Eco 2 ou le mode Econ.

Le constructeur Volkswagen a quant à lui implémenté sur ses modèles Touareg eHybrid01 et Touareg R de nouveaux outils pour améliorer sa « stratégie hybride prédictive ». Lorsque que la navigation GPS est activée, le calculateur du véhicule utilise les données cartographiques et topologiques afin d’optimiser la stratégie de consommation de carburant et du rechargement. Cela a permis d’augmenter l’autonomie du véhicule en réduisant sa consommation.

Néanmoins, ces solutions ne sont pas « connectées » ou n’utilisent qu’un nombre restreint de sources de données. L’efficacité de ces applications est donc réduite : leurs conseils sont moins pertinents et l’utilité pour les constructeurs est moindre. Par exemple ces applications n’utilisent pas le potentiel de l’échange de données possible grâce à la carte SIM native sur tous les véhicules neufs (obligatoires dans le cadre du eCall depuis 2018).

LE SAVIEZ-VOUS ?

ALTEN a développé « HAPPY DRIVE » : un démonstrateur de services autour du coaching du conducteur. Pour cela, ALTEN a conçu 3 types de coaching écoconduite (conseils en amont, en aval et pendant la conduite) en utilisant 5 sources de données différentes. Cette application permet notamment de récupérer des rapports de conduite des automobilistes via une plateforme Cloud pour réaliser des analyses plus approfondies sur l’ensemble de la population de conducteurs.
Etant connecté, cet outil fournirait des conseils pertinents et évolutifs aux utilisateurs et permettrait aux constructeurs automobiles d’obtenir des données utiles.

Ces applications de coaching à l’écoconduite ne sont qu’un échantillon des solutions existantes.
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